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03.09.2025

Detroit: Renouveau confirmé

Un peu plus de dix ans après la faillite, Détroit a repris de sa superbe. Désormais, tous les éléments-clés pour faire briller une ville sont réunis.

Reportage: Jérôme Burgener
Photos Bill Bowen (2), Visit Detroit, Charles Falsetti, Motown Museum, Jason Keen, jb, carte Keystone

Les carreaux de Pewabic ornent l’entrée du stade
des Detroit Tigers.

Qu’ont en commun le terminal McNamara de l’aéroport de Détroit, l’Institut des Arts (DIA) ou encore le Comerica Park, le stade de l’équipe de baseball des Tigers? Tous ces lieux sont, en partie, décorés par des carreaux en céramique produits par Pewabic. Fondée en 1903, c’est l’une des plus anciennes poteries en activité dans le pays, reconnue pour ses glaçures irisées. En 2018, Pewabic a été choisie pour décorer les arrêts de la QLINE, le nouveau système de transports publics de Détroit. Une ligne de bus relie directement le centre-ville (Rosa Parks Transit Center) à l’atelier historique. En franchissant la porte de la poterie, on est immédiatement accueilli par des carreaux émaillés aux motifs distinctifs, mêlant l’esthétique de l’Art nouveau et l’influence industrielle locale. L’équipe chaleureuse n’hésitera pas à vous faire visiter le petit musée dédié à l’histoire de Pewabic et dans lequel sont également exposés de récents essais de glaçures irisées sur des vases.

Detroit
Le majestueux Court Rivera du Detroit Institute of Arts laisse sans voix.

Certaines pièces uniques, tout comme la collection régulière, sont disponibles dans la charmante boutique de la poterie. Juste derrière se trouvent les ateliers où sont façonnés vases, bols et carreaux. Pour une immersion encore plus complète, il est possible, sur réservation, de participer à un atelier d’une heure et d’apprendre les bases du glaçage sur carreaux.
Art toujours, et pas des moindres, avec le Detroit Institute of Arts. Non content d’accueillir des œuvres du monde entier comme les classiques intemporels de Bruegel ou du Caravage, le DIA met également en lumière des artistes contemporains, notamment d’origine amérindienne. Mais la pièce de ­résistance incontestable reste «Detroit Industry Murals» de Diego Rivera et ­financée par Edsel Ford, fils de Henry Ford. Le peintre mexicain l’a directement créée sur place entre 1932 et 1933. Elle recouvre les quatre murs du Court Rivera, lui-même partiellement orné de carreaux de Pewabic. L’œuvre de Rivera montre de multiples facettes de la vie industrielle et de la dualité entre la nature et la technologie, la création et la destruction. Il est facile de se perdre à observer les multiples détails, parfois ironiques, parfois provocateurs, disséminés sur des dizaines de mètres carrés. Afin d’être sûr de profiter au maximum des œuvres, mieux vaut prévoir quel­ques heures à errer dans les innombra­bles galeries du DIA. Parcourir ces couloirs creuse à coup sûr l’appétit. Pour combler la faim, rendez-vous au Baobab Fare, l’un des restaurants les plus en vue de Détroit ces dernières années. Le couple Hamissi Mamba et Nadia Nijimbere, originaire du Burundi, y propose des spécialités de l’Afrique de l’Est. Le Nyumbani (bœuf mijoté fondant et épinards aux cacahuètes) accompagné d’un jus de fruit de la passion acidulé est vraiment mémorable et apporte des saveurs peu exploitées.

Club fluorescent

Detroit
Au Deluxx Fluxx, on danse entouré d’affiches phosphorescentes et acidulées.

Pour terminer la soirée en plein centre-ville, aucune hésitation: Deluxx Fluxx, un club à la décoration unique et radicale. Des illustrations phosphorescentes imaginées par le duo d’artistes Faile recouvrent les murs, couplées à une lumière ultraviolette faisant exploser les couleurs. Boissons abordables, musique de qualité et public enthousiaste font de ce lieu un incontournable de la vie nocturne de Détroit.
Après une bonne nuit de sommeil – on conseillera l’appartement-hôtel Roost, situé dans la magnifique Book Tower, certainement un des bâtiments les plus impressionnants de Détroit – une visite du centre-ville s’impose. Il faut sans hésiter se diriger directement vers le Fisher Building. Cet immeuble de 130 mètres de haut est considéré comme «le plus bel objet d’art de Détroit» et comme le chef-d’œuvre de l’architecte Albert Kahn. Inspiré par l’architecture maya, le gratte-ciel ne fut jamais terminé: la Grande Dépression ayant frappé, seule la première des trois étapes fut réalisée entre 1927 et 1928. N’en reste pas moins un bâtiment majestueux dont les décorations et dorures intérieures frappent par leur contemporanéité. D’autres tours valent le détour, il suffit de déambuler dans le centre-ville pour tomber nez-à-nez avec celles-ci.

Detroit
Hitsville U.S.A: une énorme part de l’histoire musicale américaine.

Suite à ce déferlement de bâtiments tous plus mégalomanes les uns que les autres, il fait bon de se rendre à Hitsville U.S.A. (capitale des succès). Le nom peut sembler prétentieux mais c’est bel et bien la réalité. Hitsville était le QG de Motown Records, responsable de certaines des chansons les plus connues de la planète. La visite du désormais musée rappelle à quel point des titres comme «My Girl» (The Temptations), «Reach Out I’ll Be There» (The Four Tops) ou «I Want You Back» (The Jackson 5) ont marqué l’histoire de la cul­ture pop mondiale. L’attraction principale reste le studio d’enregistrement où ces classiques ont vu le jour, un véritable sanctuaire de la pop.
Pour continuer l’exploration du patrimoine musical de la ville, le quartier branché de Canfield semble une halte toute trouvée. C’est là que se trouve un autre QG, celui de Third Man Records, label de Jack White des White Stripes («Seven Nation Army»). En entrant, on est accueilli par une boutique de musique en somme assez classique, proposant des centaines de vinyles dont une grande partie produite par le label, directement sur place. Mais à l’arrière se trouve le secret: l’usine de production de disques. Derrière une grande baie ­vitrée, les clients peuvent directement voir comment sont fabriqués les 33 et 45 tours. Une opportunité tout à fait unique et qui vaut à coup sûr le déplacement.

Un titan dans la nuit

Slows Bar BQ propose des plats capables de
combler toutes les faims.

De nuit, la gare centrale s’impose comme un monument dominant et glorieusement illuminé. Il est donc préférable d’aller visiter ce bijou néoclassique en fin de journée afin de béné­ficier de ce splendide spectacle en se rendant à Corktown, l’historique quartier irlandais de Détroit et nouvel el­dorado des sorties nocturnes. En guise d’apéro, on peut conseiller le bar Super­geil et son vaste choix de cocktails, certains assez uniques: le Over Under et son whisky de seigle accompagné d’Underberg (un amer allemand) et d’ananas fumé ou, pour ceux qui veulent placer le dessert avant le repas, le Pale Blue Dot: une fusion entre un Blue Hawaiian et un Painkiller, recouverte de crème fouettée et d’un cracker…
Pour un repas copieux et savoureux, on peut conseiller Slows Bar BQ. Ce restaurant propose une cuisine généreuse, mettant à l’honneur les viandes. Parmi ses spécialités, une pile de poitrine de bœuf fumé et l’incontournable Yardbird, classé parmi les trois meilleurs sandwichs des Etats-Unis. Composé de poulet effiloché et de bacon croustillant, il saura satisfaire les appétits les plus exigeants.

Naissance de la voiture du siècle

Detroit
Ford Piquette Plant, là ou le modèle T est né et a été produit à 15 millions d’exemplaires.

Un détour par la Ford Piquette Plant est recommandé, que vous soyez amateur d’automobile ou non. Dans cette relativement menue usine est née, à partir de 1904, la voiture qui deviendra la matrice de l’automobile moderne: le modèle T. Ce qui était une fabrique est désormais un musée dédié à cette voiture. Les guides savent manier l’humour quand il s’agit de faire revivre les moments les plus marquants, de la création du modèle T jusqu’en mai 1927, quand sortit la 15 millionième Ford T et que la production cessa peu de temps après. On peut poursuivre avec une visite du présent de la marque en se dirigeant vers Ford Rouge. Il n’est pas exagéré de parler de vision futuriste en assistant au show de présentation. Le pick-up F-150 se matérialise sous nos yeux dans un spectacle hollywoodien. Musique héroïque et basses lourdes comprises. Encore chamboulé par cette introduction, bienvenue dans le mastodonte Ford Rouge: 2,5 km2 de site industriel dédié à la production du modèle, 2e le plus vendu de l’histoire avec 43 millions d’unités.

Ce voyage a été rendu possible grâce à Visit Detroit.

S'y rendre

Detroit

Voyage:
Aucun vol direct depuis Genève ou Zurich. La solution la plus rapide est de partir de l’un des deux aéroports avec un vol opéré par KLM pour Amsterdam, puis un vol Delta Airlines pour Détroit. Le voyage dure généralement onze heures.
Se loger:
Roost Apartment Hotel, des chambres spacieuses dans l’historique Book Tower, située en plein centre-ville. myroost.com
Boire et manger:
Le Suprême: de la cuisine française entre classicisme et modernité, au sein de la Book Tower. lesupremedetroit.com
Parc: des plats créatifs dans un lieu de standing. On conseillera la burrata flambée. parcdetroit.com
Buddy’s: là où la pizza façon Détroit est née. Incroyablement croustillante et moelleuse. A accompagner d’une bière conçue pour Buddy’s.buddyspizza.com
The Yard: idéal pour boire un verre en soirée dans le quartier de Cork­town. En plus, si le cœur vous en dit, il est possible de se livrer au lancer de hache dans l’enceinte de l’établissement. theyardcorktown.com

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