Un silence de cathédrale fait place aux aboiements assourdissants des chiens surexcités. Les six huskys, qui tractent un traîneau pour deux personnes sur le parcours de 6 km, se mettent enfin en route. Ils s’en donnent à cœur joie en foulant la neige. Les plus jeunes, à l’instar de Sven et de Geisha, sautillent même durant les courtes pauses effectuées le long du tracé. Confortablement installés dans la luge ou préposés debout au guidage de l’attelage, un petit groupe de touristes et moi nous laissons glisser sur la poudre blanche, sillonnant entre les bouleaux, mélèzes et pins qui composent la dense forêt finlandaise. L’entreprise Vuokatti Safaris élève et prend soin d’une centaine de canidés, principalement des huskys – pas tous de pure race – et quelques chiens de chasse. Ici à Vuokatti, dans la région de Kainuu au centre de la Finlande, les amoureux du Nord ne se déplacent pas en masse et entreprendre des activités hivernales permet d’entrer véritablement en communion avec la nature, tout en prenant son temps.
Et pour répondre à l’appel de la nature, rien de tel que d’aller barboter dans l’eau glaciale d’un lac. Bon, histoire de ne pas finir congelés, nous nous affublons volontiers d’une combinaison étanche orange vif, non sans avoir enfilé préalablement de nombreuses sous-couches. Autant ne pas décrire ici le long processus d’habillage… Toujours est-il que lorsqu’un groupe d’une dizaine de personnes se vêt d’une couleur fluo de la sorte, il peut volontiers être assimilé à une salade de carottes géantes allant faire trempette. Au bout du ponton, nous ne frissonnons pas en glissant les pieds dans le liquide glacial. Il est donc possible de barboter gaiement, comme en plein été voire mieux. L’heure est à l’amusement, les uns tentent de se hisser hors de l’eau, les autres déambulent comme des pingouins sur la banquise ou se maintiennent en équilibre sur un pan de glace. Après une vingtaine de minutes, nous rentrons nous changer – et nous débarrasser du costume de carotte –, avant de déguster une tasse de jus de cassis fumant. L’hospitalité finlandaise débute souvent par un sourire et un thermos de boisson chaude. Savourant le jus, secs et à l’intérieur, nous apercevons alors par la fenêtre un homme courageux en caleçon en train de descendre le petit échelon… Il se glisse dans l’eau à 1 ou 2 degrés en quelques secondes seulement. Cela impose le respect! Promis, la prochaine fois, nous tenterons la version «carotte pelée»!
Autre combinaison à enfiler, mais différente activité: la motoneige. Samppa, notre instructeur passe rapidement en revue les consignes de sécurité. «Nos bécanes sont bridées à 40 km/h», indique-t-il comme pour anticiper la question qui nous brûle les lèvres. Nous chevauchons ensuite nos engins et en avant le fun. Il est ardu au départ de maintenir une vitesse constante dans les virolets serpentant entre les arbres, mais nous nous faisons ensuite la main en mettant un maximum de gaz sur le lac gelé le long du tracé rectiligne. Le reste du tour est tout simplement magique, nous nous perdons dans un paysage tout droit sorti du monde de Narnia, traversons tantôt un pan de forêt ou un immense lac gelé et croisons quelques randonneurs à ski de fond. Le trajet d’env. 20 km, température et faim obligent, est entrecoupé d’une pause roborative. Nous prenons alors le temps de déguster une succulente soupe au saumon suivie d’une tarte à la rhubarbe et d’un thé, avant d’enfiler nos casques et de repartir de plus belle. Vroum, la bête est désormais domptée.
Pour un touriste suisse, aller skier en Finlande n’a certes pas grand-chose d’exotique. Mais le faire à 293 mètres d’altitude relève presque du livre des records. Outre les 13 pistes de ski, il est également possible de s’adonner au ski de fond. En cas de grand froid – ou durant l’été – un tunnel de 1,2 km de long se présente comme alternative aux pistes extérieures qui sillonnent le paysage. Question sports d’hiver, il n’y a décidément que l’embarras du choix.
Une kyrielle d’activités proposées, des touristes disséminés dans le paysage, mais surtout la nature, comme nous ne la connaissons plus dans nos contrées: la région de Kainuu et, plus particulièrement Vuokatti, promettent une immersion totale. Dernier exemple, une randonnée nocturne en raquettes emmenée par le guide Marcus Grunewald. Le sentier serpente à travers la forêt sur les hauts de Vuokatti, les arbres se dressent comme des géants et forment des ombres. «Nous pouvons désormais éteindre nos lampes frontales», suggère l’amoureux de la nature. Suite à quoi, l’atmosphère de cette sortie prend un tout nouveau tournant. La nuit semble être saupoudrée de la lumière du clair de lune. Et seul le crissement de la neige sous nos chaussures de géant vient perturber le silence. Au détour du chemin, se dresse un kota. Nous nous arrêtons et Marcus prépare un feu dans cette petite cabane en bois, comme il en existe des milliers en Finlande. Notre guide partage avec nous un verre de schnaps au goudron, une spécialité locale. Plus tard, les bâtons dans les mains, nous entamons la fin de cette excursion et sortons à regret de la forêt pour atteindre le haut des pistes. Une virée magique couronnée par le percement, dans le bleu sombre du ciel, d’une lueur verte qui se met à danser. Une aurore boréale, un cadeau de la nuit.
Ce reportage a été réalisé à l’invitation de Glur Reisen.
Texte et photos: Aline Beaud
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