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02.09.2022

«Tout cela n’est qu’un début»

Lukas Meier et Zhenzhong Su souhaitent faire progresser le domaine des robots ainsi que des véhicules autonomes.
02 septembre 2022

Leur start-up dénommée Fixposition développe des capteurs de position qui permettent une navigation précise, même dans des conditions difficiles.

Fixposition
Les fondateurs de Fixposition font une démonstration pratique de leur capteur V-RTK 2 sur des véhicules à conduite autonome, déjà utilisés dans l’industrie.

En plein milieu des champs, les robots agricoles, de plus en plus appréciés en Europe, sèment du blé ou du maïs dans des sillons préformés. Mais la seule présence de quelques silos de stockage suffit à dérégler leur système de guidage par GPS. Si les signaux ne passent plus, les machines autonomes prennent involontairement une autre direction. Aux Etats-Unis et en Chine, les robots de livraison sont monnaie courante. Mais, dans les canyons urbains de villes comme Houston ou Pékin, la réception des signaux GPS est souvent perturbée, ce qui fait que ces livreurs roulants peuvent finir dans un caniveau avec leur pizza. Ou qu’ils livrent la marchandise à trente mètres de l’adresse prévue.

Une solution à un problème mondial

Fixposition
Le Vision ­RTK 2 de Fixposition est une fusion de technologies sophistiquées telles que la navigation par satellite, la vision robotique ainsi que les capteurs d’accélération et de rotation pour le positionnement des robots et des véhicules automatisés.

Selon Lukas Meier et Zhenzhong Su, ce problème pourra être résolu dans un proche avenir. Les fondateurs de l’entreprise Fixposition ont développé des capteurs qui associent des systèmes GPS extrêmement précis à la technologie d’optique par ordinateur. En l’absence de signal, le robot peut tout de même s’orienter en scannant son environnement et en vérifiant les détails reconnaissables. Les capteurs de Fixposition, élaborés à Schlieren (ZH), sont déjà installés dans le monde entier sur des machines agricoles autonomes, des robots de livraison ou des véhicules à guidage automatique, souvent utilisés à des fins de patrouille. Les composants des capteurs sont achetés dans le monde entier. L’assemblage final, tous les tests et le développement du logiciel sont effectués au siège de l’entreprise, à Schlieren.
Bien que leur temps soit compté, les deux entrepreneurs – l’un est Argovien et l’autre originaire du centre de la Chine – arrivent au rendez-vous de Touring de fort bonne humeur. Il faut dire que les choses se passent plutôt bien pour eux. Ils ont récemment lancé leur deuxième produit, le Vision RTK 2. L’automne dernier, ils ont reçu près de 6 millions de dollars de capital-risque. En été 2021, ils ont été distingués en compagnie de trois autres start-up lors d’un salon chinois, un marché très important. Leur entreprise emploie déjà 19 personnes.

Les hasards d’une rencontre

Fixposition
Grâce à leur expertise en localisation par satellite et par caméra, Lukas Meier et Zhenzhong Su ont développé une solution de localisation de pointe qui élargit les domaines d’application des robots et des véhicules autonomes, des banlieues aux métropoles, aux forêts et même aux parkings.

Ils se sont rencontrés un peu par hasard. Zhen­zhong Su passait son doctorat à l’EPF de Zurich sur un système GNSS de haute précision (système de positionnement par satellites), tandis que Lukas Meier y travaillait sur la navigation ­basée sur des caméras pour drones. Tous deux avaient reçu une bourse de Pioneer Fellowship de l’EPFZ et partageaient leur bureau. «Nous avons beaucoup parlé. J’ai d’abord voulu acheter son système et lui le mien, jusqu’à ce que Zhenzhong propose de combiner nos projets», ­explique Lukas Meier. C’est ainsi que Fixposition a été créée en 2017. «C’était le bon moment car l’automatisation, dans l’agriculture par exemple, se développait rapidement», explique Zhenzhong Su. Et ils ont tout de suite constaté qu’ils formaient une bonne équipe.
«Je suis quelqu’un d’ouvert, qui aime créer, et je comprends vite quel produit technique pourrait résoudre tel ou tel problème. Si celui-ci est vraiment utile et si les gens sont prêts à l’acheter», constate Lukas Meier. Les start-up échouent ­souvent parce que leurs fondateurs ne sont pas assez orientés vers la pratique. «Zhenzhong accorde une grande importance à la diversité. C’est un «réseauteur» né, il procède de manière structurée et déterminée, alors que moi, en bon Suisse, je réfléchis d’abord et plus longtemps», avoue Lukas Meier. Il ajoute qu’ils ont une confiance mutuelle sans faille et qu’ils partagent la même vision. Et celle-ci est simple: obtenir une part de marché significative dans les systèmes de navigation de haute précision sur le gigantesque marché de la robotique.


Des difficultés à surmonter

A les entendre, on croirait que tout s’est déroulé sans heurt. En réalité, ils n’ont pas été épargnés par les coups durs. Avant le début de la pandémie, ils s’étaient concentrés sur les capteurs pour drones utilisés dans les spectacles de lumière, très populaires en Chine. «Deux semaines avant le Nouvel An chinois, le virus s’est déclaré. Tout a été annulé. Notre marché s’est effondré d’un jour à l’autre», raconte Lukas Meier. Ses clients se sont retrouvés dans une situation financière difficile car ils avaient tout misé financièrement sur le Nouvel An, mais n’ont rien encaissé. Fixposition a donc dû se réorienter quelque peu. Le premier cycle de financement était heureusement derrière eux et l’argent suffisait pour un an et demi. Ils ont analysé la situation et se sont ensuite tournés vers le domaine de la robotique au sol, qui a réellement pris son envol en 2020. Mais en tant que managers peu expérimentés, il était difficile de maintenir la cohésion de l’entreprise dans cette situation, où tous les collaborateurs étaient de surcroît en télétravail. Le fait qu’ils soient ingénieurs a constitué un avantage. Cette profession est habituée aux échecs dans le domaine du développement. «Lorsque des problèmes surviennent, nous nous réunissons avec une partie de l’équipe. Si vous discutez de manière constructive avec une dizaine de spécialistes, vous trouvez généralement plusieurs solutions à un problème donné», constate Zhenzhong Su. Les deux entrepreneurs partagent leur mission, animés par un mélange de pragmatisme et de confiance dans le succès de leurs idées. Ils ne sont pas arrogants lorsqu’ils affirment que si le boom prévu de la robotique et des véhicules autoguidés n’a pas eu lieu jusqu’à présent, c’est aussi parce qu’eux-mêmes et leurs produits n’étaient pas encore présents. Et que tout cela n’est qu’un début.

Texte: Juliane Lutz
Photos: Emanuel Freudiger

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