Nous avons rendu visite à ses inventeurs.
Elle est là, toute petite, de couleur argent, avec ses doux arrondis et un bandeau lumineux à l’avant et à l’arrière. Extérieurement, la Microlino 2.0 n’évoque plus tellement la BMW Isetta, qui était sa marraine au tout début: «Nous avons voulu créer un style qui se distancie du premier projet et soit encore actuel dans cinq ans», explique Merlin Ouboter, directeur du marketing. De plus, tout le monde n’est pas amateur de rétro. Mais la décision finale au sujet du nouveau design a été prise par la communauté Microlino, qui a pu voter sur cette proposition.
La micro-citadine électrique a aussi évolué dans d’autres domaines: «La voie arrière a été élargie de 50% pour améliorer la stabilité et permettre de loger une suspension à roues indépendantes, explique Oliver Ouboter, le frère aîné de Merlin, responsable des finances et des achats de la start-up. Alors que la première Microlino était constituée d’un châssis tubulaire en acier avec enveloppe extérieure en fibre de verre, la nouvelle est construite sur la base d’un châssis plus rigide, en tôles d’acier et aluminium. «Le moteur, dont l’efficience a été améliorée de 15%, est plus vif que le précédent, tandis que les batteries, fournies désormais par Bosch, ont une densité énergétique plus élevée», poursuit l’entrepreneur âgé de 26 ans. Désormais, la colonne de direction n’avance plus avec l’ouverture de la porte frontale. Et le tube placé derrière l’écran de bord, où l’on peut fixer son smartphone et les haut-parleurs, est une réminiscence du guidon des trottinettes avec lesquelles tout avait commencé. Win Ouboter, le père d’Oliver et de Merlin, en avait fait un succès mondial sous la marque Micro. Il joue un rôle stratégique dans l’entreprise de ses fils.
La Microlino est donc repartie pour un tour. Lors de la première visite de Touring, début 2019, les premiers exemplaires semblaient prêts. Il y avait 12 500 précommandes. Lors de sa première apparition publique, au Salon de l’automobile de Genève 2016, la micro-citadine électrique avait plu. Elle était censée sortir de chaîne dès le printemps 2019 chez le constructeur allemand de voitures électriques Artega, à Delbrück. Hélas, des désaccords apparurent lorsque Artega présenta une copie conforme de la Microlino sous le nom de Karo. Cette affaire regrettable fut réglée à l’amiable fin 2019.
A cette évocation, les frères accusent le coup. L’année dernière a été consacrée surtout aux litiges judiciaires, mais il est dans leur nature de regarder en avant. Comme souvent, le hasard s’en est mêlé. «Lors d’une recherche sur Google, nous avons découvert Cecomp, notre nouveau partenaire, sous la rubrique «Cela pourrait vous intéresser», explique Oliver Ouboter. Cette entreprise turinoise est spécialisée dans la construction de prototypes et de petites séries. Elle produit le châssis de l’Alpine pour Renault et compte notamment Aston Martin et Maserati parmi ses clients. Cecomp développe également des voitures électriques. Notamment la Bluecar, rendue célèbre par un projet parisien d’auto-partage. «Comme ils sont cofondateurs du plus grand studio de design automobile du monde, nous sommes également proches des derniers développements dans ce domaine», relève Merlin Ouboter. Jusqu’à 2000 Microlinos devraient sortir de la ligne d’assemblage de Turin dès 2021, et jusqu’à 6000 en 2022.
Les frères Ouboter, qui avaient imaginé le premier Microlino sur un coup de tête, sont désormais associés à un nouveau partenaire d’un tout autre niveau de professionnalisme. Depuis fin 2019, Peter Müller est responsable du développement. Auparavant, il avait occupé des postes importants chez le constructeur automobile chinois Chery, BMW et Porsche, où il fut notamment coresponsable du développement de la Boxster. Et cet été, l’ex-patron européen de Tesla, Jochen Rudat, a été recruté comme consultant.
Avec de tels poids lourds à bord, en est-ce fini de la liberté d’entreprendre des frères Oubouter? Ils ne sont nullement de cet avis, jugeant nécessaire d’avoir quelqu’un qui pousse pour que les délais soient respectés. «Nous faisons confiance à Peter Müller, mais nous lui tenons tête quand c’est nécessaire. Nous avons toujours le point de vue du client à l’esprit », confie Merlin Ouboter. Un aspect parfois un peu oublié dans les grands groupes automobiles.
Nés en 1994 et 1995, les frères Ouboter veulent vendre leurs voitures à des gens de leur génération. Les clients potentiels peuvent configurer le véhicule sur le site web de Microlino, ce qui exclut en principe les discussions commerciales. L’accent est mis sur les essais routiers, organisés sur réservation téléphonique. Le prix de base de 12 000 euros est fixe, aucune remise n’est prévue.
Les deux entrepreneurs sont convaincus que leur bubblecar comblera un vide, surtout dans les zones urbaines. «Pour beaucoup, la Microlino ne sera qu’un petit véhicule amusant au début. Mais à l’usage, certains réaliseront qu’elle leur suffit pour la vie de tous les jours», explique Oliver. Elle est biplace et offre une protection contre les intempéries, on peut s’en servir pour faire ses courses et, avec ses 2,43 m de long, elle n’occupe que le tiers d’une place de parking classique. Les frères Ouboter imaginent même la possibilité que la Microlino devienne une sorte d’Apple dans le segment des microcitadines électriques.
Dans le Brand House des Ouboter, sorte de loft aménagé dans une ancienne usine de boissons de Meilen (ZH), l’attention du visiteur est directement attirée par un scooter tricycle électrique bicolore, soit une sorte de scooter de Barbie en grandeur nature. Les deux frères ont eu l’idée du Microletta pendant leur traversée du désert, en 2019. Le projet est dû à un étudiant en design turinois de 22 ans, qui travaille maintenant pour Microlino. «C’est un véhicule intermédiaire, à mi-chemin entre une trottinette et une Microlino, qui confère davantage de sécurité grâce à ses deux roues avant», explique Merlin Ouboter. Le Microletta peut atteindre les 80 km/h. C’est le prochain objectif de la fratrie, mais seulement après que la Microlino ait finalement pris son envol.
Texte: Juliane Lutz
Photos: Emanuel Freudiger
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