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15.04.2019

Fermeté payante contre l'alcool au volant

Depuis bientôt quinze ans, des mesures préventives et répressives sont prises en Suisse pour lutter contre l'alcool au volant. Etat des lieux.
15 avril 2019

Etapes-clés de la dissuasion

2016

  • Le principe de la force probante du contrôle au moyen de l’éthylomètre entre en force le 1er octobre. L’appareil mesure la concentration d’alcool dans l’air expiré (0,25 mg/l d’air=0,5 pour mille). La mesure fait foi devant la justice.
  • Les tests sanguins ne sont plus ordonnés qu’en cas de soupçon de consommation de stupéfiants, à la demande du conducteur contrôlé ou en cas de maladie respiratoire.
  • A noter que ces dispositions ont connu ou devraient connaître certains assouplissements. Le 1er juillet 2017, l’interdiction totale d’alcool a été levée pour les sapeurs-pompiers de milice et les membres des services d’urgence hors des heures d’astreinte. La transformation de l’obligation de recours pour les assureurs RC en droit de recours, comme précédemment, sera mise en consultation cette année encore. Enfin, l’idée d’installer un éthylomètre anti-démarrage est abandonnée, la mesure étant jugée trop onéreuse au vu de son utilité.  

2015

  • En cas de dommages commis par un conducteur en état d’ébriété, les assureurs RC sont tenus de recourir contre lui. 

2014

  • Deuxième paquet de mesures de Via sicura, programme entré en vigueur en 2013 avec l’instauration du délit de chauffard. L’ingestion d’alcool est interdite aux élèves et nouveaux conducteurs, aux accompagnateurs de courses d’apprentissage, aux chauffeurs de bus et de poids lourds, aux moniteurs d’auto-école.
  • Limite tolérée: 0,1 pour mille. Dès le 1er juillet, les conducteurs contrôlés avec un taux d’alcoolémie de 1,6 pour mille ou plus ont l’obligation de se soumettre à une enquête auprès d’un spécialiste en médecine du trafic, même en cas de première infraction.

2005

  • Le 1er janvier, entrée en vigueur de la limite tolérée de 0,5 pour mille (0,8 pour mille depuis 1964). 

Alcool en baisse et drogues en hausse chez les conducteurs

Depuis bientôt quinze ans, un étau préventif et répressif se resserre sur les conducteurs pris de boisson. Avec des résultats globalement réjouissants, surtout chez les jeunes.

Ce ne fut pas le séisme qui avait secoué les cafés en 1910 – année de l’interdiction de l’absinthe –, mais la mesure avait créé tout de même un certain émoi dans la «Suisse de l’apéro» en 2005: cette année-là, le taux d’alcool toléré au volant était porté à 0,5 pour mille. Un tour de vis renforcé dès 2013 par les mesures du programme Via sicura, adopté par le Parlement en 2012. Pour des résultats probants. Un regard aux startistiques de l’Ofrou le révèle, les retraits de permis pour conduite en état d’ébriété sont en baisse constante depuis une dizaine d’années: 18 371 retraits en 2010; 13 620 en 2017; 13 090 l’an dernier.

Analysant les premiers résultats de Via sicura en 2017, à la demande de la commission ad hoc du Conseil des Etats, les autorités fédérales se félicitaient surtout de la «tolérance zéro» imposée aux élèves et nouveaux conducteurs, ainsi qu’à certains groupes d’usagers. La baisse des accidents graves dus à la conduite sous l’emprise de l’alcool était estimée à 35% environ pour ces catégories de conducteurs, permettant de sauver la vie ou l’intégrité physique d’une trentaine de personnes par année.  

Une pression maintenue

Commandant de la police cantonale schwytzoise et président de la Commission de circulation de la Conférence des commandants des polices cantonales suisses (CCPCS), Damian Meier admet un changement de mentalité notable, surtout chez les novices au volant : «Désigner un conducteur qui reste sobre est un principe généralement admis chez les jeunes. C’est moins sûr pour les automobilistes plus âgés et expérimentés, d’où la nécessité de maintenir une certaine pression.»

Le président résume d’une formule la philosophie qui anime les corps de police cantonaux: «Tout automobiliste doit s’attendre à être contrôlé.» Les vérifications ponctuelles sont renforcées par des opérations de prévention spéciales, comme à l’occasion des Fêtes de fin d’année ou de manifestations à risque comme carnaval. A l’entendre, ce dispositif a démontré son efficacité et se voit appliqué par tous les corps de police.  

Les Suisses boivent moins et mieux

Représentant les intérêts des cafetiers et restaurateurs d’un canton peu réputé pour sa tempérance, le président de GastroValais André Roduit occupe un observatoire privilégié pour scruter les habitudes de consommation. Il fait état d’un changement perceptible, même s’il convient de distinguer selon lui entre consommateurs sédentaires et motorisés : «Mais la consommation d’alcools forts a grandement diminué, comme celle de vin de soif ou de vin commandé en bouteille. On recherche aujourd’hui la qualité en privilégiant les crus au verre», résume-t-il. Qualité et modération compatible avec la conduite, tels semblent être les nouveaux maîtres-mots.

Dans ce Vieux-Pays où la fête en station a longtemps été un must du week-end, que penser de la jeunesse? «La consommation à outrance en altitude est plus le fait des jeunes vacanciers étrangers que de la population locale, qui fait généralement attention », tempère André Roduit.

Notre homme rappelle à cet égard que les cafetiers sont tenus de respecter la loi sur la protection de la jeunesse et sont contrôlés par Addiction Valais. Avec des résultats satisfaisants à ses yeux: «La moitié d’entre eux environ réussissent le premier test. Après un avertissement, les autres satisfont le deuxième contrôle à 98%», conclut-il.

Nouvelle guerre contre les drogues

Si l’apaisement semble prévaloir sur le front de l’alcool, la situation est autre en matière de stupéfiants. Le nombre de retraits de permis pour conduite sous l’influence de drogues ou de médicaments affiche une tendance à la hausse entre 2012 (2836) et 2018 (4661), avec un record en 2017 (5047 retraits). «C’est un problème nouveau qui prend des dimensions importantes», reconnaît Damian Meier. Principales substances détectées chez les conducteurs: le cannabis et les drogues chimiques de type ecstasy, dans une moindre mesure la cocaïne et l’héroïne.

En cas de soupçon, la police procède à une première détection au moyen d’un prélèvement de salive ou sur la base d’un questionnaire structuré. Un examen du sang et de l’urine en milieu hospitalier permet de confirmer l’infraction.

A n’en pas douter, la prévention de la conduite sous influence de stupéfiants se profile comme une préoccupation majeure pour les acteurs de la sécurité routière à l’avenir.  

Texte: Jérôme Lathion | Illustration Nicolas Kristen

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